J’ai toujours eu un faible pour les hommes torturés, beau, parce qu’inachevé. Des hommes avec des vides à combler, des plaies à panser, des rêves à inventer. Alors forcement quand je l’ai rencontré, lui, la forteresse inaccessible que les douleurs de la vie ont forgés. Avec son regard impénétrable, son cœur impalpable, son sourire immuable. Il était là, sur le parking, fumant sa clope sous la pluie. Au 1er regard j’ai su que si ce garçon rentrait dans ma vie ce n’était pas pour en sortir au petit matin. J’étais complètement trempée et frigorifiée par le froid. Il m’a tendu sa veste, sa clope et son sourire, pour que j’ai plus chaud. Et il a eu raison, j’ai eu plus chaud. Voilà, comme en quelques secondes ma vie a changé puisqu’il y est rentré. Depuis ce jour là, il est devenu celui avec lequel j’ai partagé un an de rire et de larmes, ce garçon auquel je me suis totalement livrée, a cœur ouvert. Avec l’espoir qu’il en fasse de même. Mais je n’ai récolté que son silence. Parfois, sous l’emprise de la vodka ou de la marijuana il me livrait quelques confidences, quelques pièces de son puzzle qu’il a fallait que je reconstitue, pour pouvoir le cerner. J’ai compris qu’Anthony était un garçon que la vie avait sali, qu’il trainait son passé comme un boulet. J’ai compris qu’Anthony s’attachait aux gens sans pour autant le leur dire, et qu’il m’aimait, a sa façon. J’ai haïs sa carapace autant que j’ai aimé le garçon qui se cachait en elle. Au bout de quelques mois, le mal était fait, je ne pouvais vivre sans lui. C’est peut être le seul garçon qui m’a autant fasciné, intriguer, passionné, et déçu sans qu’il ne le fasse exprès. J’ai mis du temps avant d’ouvrir les yeux, sur notre relation. Avant de prendre conscience que c’était sa force de caractère qui nous faisait tenir. Et de le quitter, n’ayant plus assez de force pour continuer a l’aimer chaque jour. Un jour soleil, l'autre pluvieux.